J’ai découvert Sasha Asensio grâce à une émission sur Picasso qui racontait le goût du peintre pour les milieux interlopes de Barcelone. Cette émission m'a appris que pour son tableau les Demoiselles d’Avignon, considéré comme l’un des plus importants du XXème siècle, Picasso avait fait poser des prostituées de l’une des deux maisons closes situées Carrer D’Avinyó dans le quartier Gothique. Donc, rien à voir avec Avignon en France.
Comme il est de coutume dans ces documentaires, la peinture ou la littérature sont des prétextes pour visiter des villes sous un jour différent. Sasha Asensio y était interviewé et on le suivait lors d’un shooting dans le quartier du Raval à Barcelone. Il expliquait qu’il photographiait ce que les touristes ne voulaient pas voir, ce que les habitants ne voulaient pas montrer de cette ville. J’ai été frappé et touché par l’humanité de ce photographe, par les liens qu’il avait réussi à tisser avec les habitants du Raval, ce quartier marginal et pourtant central de la capitale catalane. J’ai voulu en savoir plus sur ce personnage.
Sasha Asensio est un photographe brésilien installé en Espagne depuis plus de 25 ans. Il vit et travaille dans ce quartier populaire et multiculturel, il y développe une approche documentaire du portrait, sans mise en scène, au plus près de la vie. Il parcourt les rues avec son appareil photo et engage la conversation avec les habitants, les personnes en situation de précarité, les travailleurs du sexe, les migrants, les jeunes marginaux… Tous deviennent les protagonistes d’une œuvre sensible et engagée.
Son projet emblématique, « StreetPortrait », illustre cette volonté de rendre visibles les visages de la diversité urbaine. Avec une esthétique sobre, souvent en lumière naturelle et sans artifice, Asensio capture la force intérieure de ses sujets. Pour lui, chaque portrait est une reconnaissance, un acte de réhabilitation symbolique.
Plus qu’une œuvre artistique, le travail de Sasha Asensio est un projet de société : il interroge notre regard sur l’autre, nos préjugés, notre capacité d’empathie. Son style visuel se caractérise par une grande proximité, une intensité émotionnelle, mais aussi une simplicité assumée. Il ne cherche pas le spectaculaire, mais l’authentique.
J’ai eu la chance de passer une heure ou deux avec lui et sa compagne dans un bar de Barcelone. Je voulais savoir comment il abordait les gens pour qu’ils acceptent de poser pour lui. J’ai dû lui poser mille questions. Sasha était très intéressé par Marseille et nous avons longuement parlé de Pierre Gonnord un photographe français installé à Madrid pour dire à quel point, tous les trois, nous admirions son travail. (Pierre Gonnord est décédé en 2024).
Marc Criado (2025/05)
*Sasha Asensio: Un retrato de la Barcelona invisible | con Paula Añó
https://www.youtube.com/watch?v=J_V2qNNNq5Y
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